Éléments de réflexion
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Éclairage sur la démarche
Il n’est pas facile de trouver une définition des comportements à risques dans la mesure où il existe une grande variété de conduites. Tous ces types de comportement ont néanmoins un point commun : les jeunes exposent leur vie et leur corps à des risques, certains en pleine conscience des effets néfastes potentiels.
Dans la plupart des cas, l’intention n’est pas de mourir mais de vivre une expérience intense. Confrontés au caractère incertain et incontrôlable du monde extérieur, les jeunes en retirent un sentiment de souveraineté. Sachant qu’ils prennent ainsi l’initiative et tentent de faire preuve d’autonomie par la maîtrise d’une situation, leur comportement peut être considéré plus positivement, comme une façon de trouver leur propre identité. Mais il peut aussi signifier un appel à l’aide ou une demande d’attention particulière.
Au-delà des conflits intergénérationnels, nos sociétés sont aujourd’hui obsédées par le culte du corps et de la performance. Dans ce contexte, les conduites à risque qui enfreignent ces nouvelles normes sont interprétées comme une faillite individuelle, comme le symptôme d’une incapacité à se contrôler et qui peut avoir un coût économique pour la collectivité. Or, l’injonction qui exhorte chacun de nous à prendre en main son destin non seulement est anxiogène, mais a pour conséquence d’occulter les causes sociales des conduites à risques. De ce point de vue, la prévention peut être un instrument de contrôle social qui participe à la stigmatisation des “ populations à risques ”.
A l’opposé, certains comportements à risques sont valorisés et surmédiatisés (sports extrêmes, exploits aventuriers…), mettant en avant les valeurs du dépassement de soi, de l’esprit d’entreprise, du culte de la performance…, vertus dont les populations dites à risques seraient dépourvues.
Les comportements à risques sont des constructions individuelles et sociales imprégnées de considérations morales et ambivalentes. Cependant, il ne s’agit pas d’en nier la gravité.
Le terme de prévention est entendu au sens de venir auprès de, d’être présent, non pas au sens de l’avertissement (prévenu) qui peut induire une conception morale.
Les démarches classiques de prévention des conduites à risques basées sur le seul apport d’informations produisent souvent des attitudes de désintérêt, voire de rejet de la part des publics (jeunes et adultes) ; elles n’induisent pas forcément des changements de comportements.
Le caractère insuffisant de l’équation “ savoirs = comportements adaptés ” a été démontré.
(exemple : « le tabac tue = j’arrête de fumer » est inefficace)
Pour attendre une meilleure utilité de la prévention et une efficacité dans les démarches éducatives, il paraît nécessaire de tenir compte de notions telles que le plaisir, le désir, l’émotion, les dimensions relationnelles, les normes sociales… à l’origine de la complexité des comportements. Des approches ludiques intégrant ces dimensions semblent entraîner un effet positif non seulement sur les connaissances mais aussi sur les pratiques.
L’animation du jeu doit permettre aux jeunes personnes d’aborder des questionnements et des sujets qui les intéressent et/ou les préoccupent. L’intervenant peut interroger leurs représentations et discuter de leurs pratiques en échangeant librement avec eux.
Il ne s’agit pas d’endoctriner mais de négocier avec les jeunes les changements de pratique en éclairant leurs représentations, à travers l’éducation, l’expérience, la réglementation. L’implication des jeunes doit être au cœur du processus. L’intention de modifier un comportement à risque doit faire appel aux aptitudes et potentialités de la personne en lien avec son environnement.
Le travail sur les représentations est une étape nécessaire à la conscientisation des prises de risques. Les représentations guident la pensée et influencent les comportements. La construction des représentations est un processus long et progressif qui nécessite la participation des acteurs concernés.
Les représentations sont des images mentales. Tout le monde en a. Elles se constituent dès l’enfance et elles peuvent changer au gré des apports d’informations ou à l’épreuve des faits. Certaines représentations sont communes à une société ou à une culture donnée, d’autres sont liées à l’histoire familiale, à l’appartenance professionnelle et à l’expérience personnelle. C’est à travers le filtre de nos représentations que nous appréhendons la réalité.